Article | La chimie sonore de Mathilde Schoenauer Sebag (Fr/Be) – Jacques Urbanska | Turbulences Video #118 (Fr)
Posté le 6 January 2023 dans 2023, agenda, news, writing par Jacques Urbanska.
A l’origine, une poignée d’atomes…
Une formation d’ingénieure chimiste a conduit l’artiste française Mathilde Schoenauer
Sebag à effectuer un doctorat en sciences des matériaux sur les panneaux solaires à l’ESPCI, L’École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris. Mais à un moment, pour elle, le laboratoire est devenu trop étroit pour les urgences : urgences climatiques, sociales, artistiques… « de celles qui empêchent de s’asseoir » dira-t-elle.
Dans sa pratique artistique, l’influence du théâtre, que ce soit en tant que comédienne, metteuse en scène ou improvisatrice, imprègne son rapport à la scène et au geste musical : la narration automatique, l’ancrage du son dans les corps, le jeu dans le rapport avec le public. La pratique de l’improvisation théâtrale en particulier lui permettent de faire un pont joyeux entre fil narratif, corps, scène et matière sonore.
Le premier lien qu’elle a noué avec le son a d’abord été musical. Un enseignement classique de la harpe au conservatoire, instrument sur lequel, les années et électrons aidant, est venu se greffer la MAO1, la bidouille2 et le field recording3. Sa recherche, sous le pseudo de création Duu Din Ka, s’oriente alors clairement vers la création sonore pour des pièces ou documentaires radiophoniques (comme Censure !, un documentaire sur la censure qui s’exerce sur le corps des femmes, co-réalisé avec le journaliste et artiste Constant Léon4). Dans ce travail, l’aspect musical est resté omniprésent, en particulier dans le traitement sonore des voix et l’ajout d’éléments musicaux issus de sources diverses : « Permettre à d’autres sens, moins verbaux, d’émerger. Prendre des risques en cherchant le sensible. »
Après un passage en Master Art dans l’Espace Public de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, l’écriture, l’installation sonore, la recherche intersensorielle (en particulier tactile et olfactive) ont fini par trouver une place dans son paysage sonore protéiforme.
« La recherche est permanente. Elle ressemble tantôt à un grand manteau blanc, tantôt à un éboulis rouge carmin » dit- elle.
Aujourd’hui, Mathilde Schoenauer Sebag évolue entre la création sonore, le spectacle vivant, l’enseignement et l’acti- visme. En 2021-22, Transcultures, Centre des cultures numé- rique et sonore basé à La Louvière (Belgique) a accompa- gné en production le nouveau projet sonore, radiophonique et éditorial de l’artiste : les cailloux meurent5 aussi. Rencontre à Bruxelles autour de cette création originale et du parcours hybride de cette jeune créatrice atypique.
Rencontre entre Mathilde Schoenauer Sebag et Jacques Urbanska
Bruxelles – octobre 2022 …
C’est quoi “Duu Din Ka” exactement ?
“Duu Din Ka”, c’est Doudinka, une ville en Russie, qui a croisé un surnom hérité du lycée. Avant de pouvoir jouer avec les autres, il fallait bien jouer seule. Et donc j’ai bidouillé ma harpe, je suis partie dans tous les sens, samples de métro et de films, mystiques numériques, hydrophone, trucs qui groovent. J’ai produit un album assez techno-house-ambient, des lives assez expérimentaux, et puis des trucs un peu cheesy.
Plus tard on l’a nommé pour moi et j’ai appris le vocabulaire : improvisation, pièce radiophonique, paysage sonore, musique concrète, Deep Listening… Mais à la fin, moi je faisais de la musique et puis peu importe si c’était le son de la ligne 5 du métro, avec un gong et trois notes de harpe, ou bien une track de house en 4/4, ou le shirley était la collision de deux trous noirs. Je me suis toujours amusée sans chercher l’efficacité.
Comme beaucoup d’artistes que Transcultures et les Pépinières Européennes de Création soutiennent, vous affichez un parcours pluridisciplinaire, où se mêlent la recherche et la production artistique, la science, la pédagogie, les divers milieux professionnels… Quel est votre ressenti et votre vécu de ces croisements, de ces parallélités et/ou colinéarités temporaires ?
La démarche scientifique et artistique sont similaires en beaucoup de points. M’être penchée huit ans sur des atomes, des équations, des formalismes m’a donné, d’une part, une sorte d’hygiène de travail, d’autre part, une ouverture pour “ce qu’on ne sait pas encore qu’il puisse se passer”.
En recherche scientifique comme artistique, on est entre le confort de “je sais ce qui arrive” et l’exploration. Parce que même si on sait ce que les électrons sont censés faire, ils finissent toujours par nous surprendre. Artistiquement, c’est pareil, je sais toujours comment je pars, et j’ai une vague idée de là ou je pourrais arriver, comme quand on commence une thèse. Et puis, on embrasse les déviations quand elles surgissent, parce que c’est une conversation avec la matière (artistique ou moléculaire). Une conversation asymétrique qu’on ne maîtrise pas, et qui reste agréablement déroutante.
Il y a également un rapport au réel, au fait de s’en échapper, en le sublimant, en le regardant autrement. Être scientifique ou être artiste, pour moi, se rejoignent à l’endroit de l’extirpation du réel. On pourrait penser l’inverse, parce qu’un des objectifs scientifique est de décrire la réalité, mais la méthode scientifique éloigne cette réalité objectifiée de l’expérience quotidienne (cette distance varie d’une science à l’autre). Donc on s’extirpe de l’expérience quotidienne pure et on plonge dans un niveau au-delà, par-delà. Exactement comme en art : on se place à une certaine distance du quotidien, notre attention se porte (de manière parfois quasi-passive) sur un détail, voire une abstraction. Comme quand une artiste sonore entend une composition instantanée à un rond-point, sur le bord de la route : la distance avec le réel finit par augmenter ce réel.
Si la science dirige l’attention vers le banal, le répétable, comme le disait le physicien nord américain Richard Feynman, alors l’art ouvre quant à lui l’attention sur une modalité flottante.
Quel serait le fil rouge de votre transdisciplinarité, l’articulation, l’axe qui pourrait être le point d’entrée de votre recherche artistique ?
Le corps ! Le corps en lien avec l’espace, le lieu et ceux et celles qui s’y trouvent (humains ou non-humains). Les sensations internes et externes sont les inputs qui permettent à tout art vivant d’être fluide et connecté avec le reste du monde. C’est fondamental dans tout travail de scène, mais aussi dans tout travail artistique. Je le dis plus comme acte de foi que de raison.
Le rapport avec le public (des élèves, des auditeurices dans un amphi propret, des auditeurices dans un squat) est également un élément qui me tient à cœur. Pour moi, ça ne doit pas être A-Artiste actif qui donne à P-Public passif qui prend. C’est toujours A et P qui jouent ensemble. Ce n’est jamais A avec des mains sur son violon, c’est A avec son corps entier et ses souvenirs et sa cheville qui la lance un peu et son souffle qui joue. Même face à des machines, il doit y avoir du corps.
C’est pour ça que l’improvisation est aussi puissante, parce qu’elle a intégré dans son ADN la nécessité d’utiliser tout ce qu’il se produit à un instant donné. Ce qu’il se passe à l’intérieur de notre corps, puis toutes les données sensorielles, le train qui passe au loin, un toussotement, une lumière qui vacille… et puis les souvenirs qui surgissent et guident sans qu’on ait besoin d’aller les chercher. Il n’y a qu’un fil à tirer et jamais à aller provoquer. Il n’y a pas d’anecdotes, il n’y a que des événements auxquels on doit accorder de l’importance.
Outre cette pluri et interdisciplinarité de votre parcours et de votre travail, vous soulignez également la notion d’activisme (dont le terme est polysémique d’ailleurs), quels sont les sujets et les thématiques que vous avez envie de porter ou de défendre et comment cela se traduit-il dans vos pratiques artistiques ?
Par activisme, j’entends un certain engagement dans l’organisation, la planification, et la participation à des actions directes (déversement de 1000L de faux pétrole devant le siège social d’une compagnie qui assure les projets d’exploitation de combustibles fossiles, “happening” au salon de l’auto, collages féministes, actions anti-pub…). Les actions auxquelles je prends part ont un caractère environnemental prononcé, et depuis quelque temps, je me réjouis de voir cette lutte converger avec des enjeux sociaux, queer, féministes et antiracistes notamment.
L’intersection entre mes principes politiques et la création artistique est épineuse, parce que mes émotions perturbent aussi bien qu’elles génèrent mes états créatifs. Si je me mets à pleurer de colère en plein montage, je ne peux plus avancer. Parfois, le fiel que je mets dans mes mots dessert le propos artistique, puisque dans ma colère je voudrais surligner huit cent fois ce que le monde, d’après moi, devrait entendre. Je rajoute de la “mega noise”, alors que le propos est déjà suffisamment violent. Le sur-surlignage et l’art font mauvais ménage, sauf quand c’est à des fins esthétiques, et non politiques (si l’envie de convaincre est une fin en soi et non un moyen, l’intérêt artistique de l’objet créé s’en trouve diminué d’après moi). Justement, ce que le travail sur “les cailloux meurent aussi” m’a appris, c’est à dissocier l’ardeur de mon intention de la réalisation. Ne pas polluer le tout petit, le discret, le ce-qui-va-peut-etre-embarquer-les-non-gauchos, par des phrases hurlées au mégaphone. Parce qu’alors, on perdrait aussi ce qu’il se passe entre les surlignages. Qui est en fait d’un autre type de puissance. D’ailleurs, et malgré cette auto-mise en garde, c’est peut être un des aspects qui pêchent dans les cailloux meurent aussi.. Si j’avais moins eu d’intention de convaincre, j’aurais pu laisser à l’auditeurice se faire un avis propre sur l’extractivisme, en choisissant des positions moins tranchées pour les personnages. L’avis que l’on se fait soi-même est peut-être plus puissant que l’avis qui nous est imposé.
Le sensible convainc et fait changer les choses, peut-être plus lentement, mais plus en profondeur. Une fois ce constat fait, je ne sais pas si on a le temps de se rendre compte de l’impasse du modèle extractiviste, et c’est aussi pour ça que je dois être activiste, pour mon envie de participer à des changements plus rapides (quoiqu’encore trop lents par rapport à l’urgence de la situation).
Vous aimez travaillez en collaboration, mais m’avez dit vouloir fuir les “artistes maudits”, chercher du “positif”, de l’espoir, du bonheur. Vouloir aborder des sujets graves et parfois sombres, mais avec la force de l’optimisme…
C’est drôle que vous vous souveniez de ça 🙂 Oui. Je voudrais passer mon temps avec des gens lumineux, de la même manière que je voudrais manger des bons radis du jardin. Ça veut pas dire que j’évite tout ce qui est dur ou douloureux, ou bien les gens qui sont tristes ou à qui il arrive des “choses dures”. Juste que, j’aime bien rire, et que, dans certains milieux artistiques, il y a des gens qui vont mal par posture. Ceci n’est pas des “bons radis” à mon goût.
Dans la plupart des milieux de musique expérimentale que j’ai fréquentés, presque tout le monde semble contrarié, les corps rigides, les sourcils froncés et les mines graves de celleux qui se concentrent pour apprécier. La musique expérimentale est certes exigeante et parfois intellectuelle, mais j’ai l’impression que son intellectualisation est, pour certains, là encore, une fin en soi et pas un moyen. C’est comme si on ne pouvait pas créer de la qualité esthétique en étant léger. Comme si la profondeur dans laquelle on doit rentrer pour créer devait se propager au contenu que l’on crée. Qu’une réserve un peu nerdy était gage de qualité. Et cet aspect recoupe aussi, je crois, une absence quasi-totale de communication avec le public.
Vous travaillez habituellement sur plusieurs projets en parallèle, outre les “cailloux meurent aussi”, quels autres chantiers artistiques vous occupent actuellement ?
Cette dernière année, j’alimente quelques chantiers différents. Je suis une formation pour être “futurière” avec l’anthropologue Yoann Moreau. Au Japon, les futurier.e.s sont des représentants.e. du futur qui sont présent.e.s aux conseils communaux. Leur incarnation, malgré la composante de jeu évidente, modifie en réalité la façon de prendre des décisions. C’est un jeu-pas-si-jeu. Pour devenir futurière, on doit choisir un sujet, et aller rendre visite à ce sujet, il y a 50 années. J’ai choisi la gadgetisation de la technologie, en particulier la création de programmes débiles sur les machines à laver. J’ai imaginé un archétype d’ingénieur, et je lui ai laissé un message vocal. L’étape prochaine (et finale) c’est de parler à l’époque présente, depuis le futur.
frontières, c’est un projet qui devrait, je l’espère, un jour repartir en résidence. Pour mon jury de master de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, j’ai installé sous un pylône à Moeraske, des enceintes qui diffusaient un prémontage à partir de sons enregistrés quelques jours avant sur le même lieu. Étaient également diffusés, les champs électromagnétiques transformés en son provenant de la présence des pylônes. Le futur de ce projet est de l’exporter dans des lieux aux frontières (entre l’humain , l’industriel, et le “naturel”) et de rendre cette frontière floue grâce au son.
“Du raifort dans mon ciboire” est un duo-souvent-trio d’improvisation sonore, qui mélange voix parlée. hydrophone, synthés, flûte, harpe et autres électroniques. C’est un projet de recherche permanent, qui s’écrit avec et pour le public, dans une recherche intersensorielle. Un album autoproduit issu d’une session est à paraître courant octobre 2022.
Ma première rencontre avec le projet Duu Din Ka, ça a été “de l’intérêt de fusionner les traités de génétique moderne avec les livres mythologiques”, une piste sonore de 3 petites minutes, autour de la citation d’Audre Lorde : “for women, poetry is not a luxury, it’s a vital necessity of our existence”. C’est une bonne accroche pour parler de votre rapport à la matière sonore, au son pris comme objet physique de création artistique.
Le son, pour moi, c’est une texture. Donc c’est presque plus le toucher que l’ouïe qui est mobilisée. Donc je vais chercher dans ce que j’écoute les textures que j’aime ressentir.
Chronologiquement, mon rapport au son a commencé par être musical, et donc, irrémédiablement, à la danse, au corps, au mouvement. Quand j’écoute, ça bouge, quelque part, peut être à l’intérieur. Il y a une sorte de petite peluche sphérique qui se met en mouvement à l’arrivée d’une information sonore. Cette information est transformée en cartographie mentale et corporelle.
Par rapport à “De l’intérêt de fusionner…”, c’est encore une histoire de décloisonnement, de la science avec la non-science. J’ai répondu à un appel à participation du collectif féministe “Mange tes mots”. J’ai eu l’envie d’écrire une histoire d’une fusion. Entre deux êtres vivants de deux espèces différentes. Entre la génétique et la mythologie. Mais je crois que quelque chose se casserait si j’essayais d’écrire ici autre chose sur cette histoire.
Et si vous deviez traduire votre parcours sonore en exemples, quelles seraient vos références ?
Si je prends le côté sonore musical, je dirais aujourd’hui : L’électro de Matmos et celle de Matthew Herbert. Les objets font la musique. Et ça groove et le corps bouge. Parce que tout ne doit pas être ultra cérébral pour faire du bien, et que les micro frottements sur une cymbale, c’est pas pour tous les jours.
En musique improvisée : Hélène Breschand, harpiste, soliste internationale et compositrice française. C’était au CRR93 ou j’étudiais l’improvisation musicale dans la classe de Philippe Panier. Cet épisode incontournable a réconcilié le corps, le son instrumental, le bruit, la voix, le théâtre et a fait totalement dévier ma trajectoire sonore.
A l’origine de ma curiosité sonore et noise, il y a aussi Nicolas Jaar. Comme Joni Void : quelque chose de rond, de début de paysage sonore, pas très loin de l’harmonie, mais qui amène vite des images, des textures, des frottements.
Bernie Krause, parce que grâce à lui j’écoute la ville et l’ailleurs comme un orchestre.
Jana Winderen, pour son travail sonore sur les planctons. En fait, il y a beaucoup d’artistes que j’écoute qui utilisent des minuscules sons ronds.
Quelle est l’histoire du projet “les cailloux meurent aussi”, de quoi cela parle-t-il ? Quel était votre but en créant ce projet et comment a-t-il évolué lors de cette année de production ?
Le but premier, c’était de raconter une autre histoire de l’extractivisme. La notion même de pic d’extraction d’un métal est majoritairement absente du débat public, il faut absolument qu’on évoque ce que notre train de vie en occident et la transition numérique impliquent pour la mine, l’environnement qui l’entoure, les humains qui y travaillent.
Puis ce projet est devenu : “tiens, mais il n’y a pas seulement les atomes des mines dont on ne connaît pas les histoires, il y a les atomes de tous les objets qu’on côtoie, tout ce qui est issu de l’industrie et qui voyage”. Ces atomes “qui se retrouvent dépossédés de leurs histoires”. Du coup, le projet s’est transformé en une tentative de réconciliation des humains avec la chimie, à des fins plus seulement de défense et de réveil, mais d’émerveillement simple. Peut être que la défense vient après l’émerveillement, mais je voulais juste partager ce que le fait d’être chimiste me procure, comme rapport au monde. Et puis j’ai voulu en faire un objet sonore intéressant et esthétique, que la création sonore serve le fond. Je voudrais qu’on écoute le monde, et que les objets nous touchent par leur son.
Puis, retour à la case départ : qu’est-ce que je fabrique ici ? C’est d’objets dont il est question ici ! De matière. C’est une ode à la matière. La forme doit rejoindre le fond ! Je ne peux pas ne faire qu’un objet non matériel pour parler de la matière. Alors, écrire le livre est devenu évident. Et le tableau s’est complété au mixage, pour donner vie sonore aux objets, et avec le graphisme, pour donner vie en 3D au livre, avec respectivement Rémi Gérard et Juliette Damien.
Dans la présentation du projet, il y a cette phrase : “Faire se rencontrer des mondes habituellement considérés comme disjoints. […] Exhumer des langages, chercher les termes adéquats, avancer sur une ligne de crête : tendre un micro vers les atomes chauds qui chuchotent la nuit dans notre dos…”, que voulez-vous dire par là ?
La science occidentale et l’animisme sont habituellement considérés comme disjoints, on ne peut pas, dans un cours de chimie, enseigner que la matière puisse “penser” et “ressentir”, par exemple. Pour l’anthropologue P. Descola, elles font partie d’ontologies qui ont tendance à s’exclure (le naturalisme et l’animisme).
Il faut avancer sur cette ligne là, d’un côté, une certaine science froide qui catégorise, de l’autre un monde mystique chaud, qui peut aussi enfermer (ne serait-ce que par la perception que s’en fait l’occident : des hippies en sarouel qui fument des pétards en se connectant à l’énergie de la lune). Entre les deux, il y a cette ligne là que je cherche – et c’est escarpé : parler avec des cailloux, pas complètement comme une chimiste, mais pas non plus complètement comme une chamane. Comme une chimiste qui aurait laissé son esprit cartésien errer, et une branche un peu méta s’y serait greffée. Le nouveau cerveau est pétri des deux influences.
Je voulais finir cette rencontre sur votre rapport avec la pédagogie, votre amour pour la transmission du savoir, un point qui rejoint d’ailleurs ce qui fait l’ADN de Transcultures : l’émergence, la passation et “faire découvrir à l’autre” les singularités créatives…
La transmission, je crois, c’est être tellement enthousiaste par ce que l’on sait, qu’on pense que la vie des autres s’en trouverait également améliorée si elleux aussi savaient. Et quand je parle à mes élèves, je voudrais leur communiquer ce qu’il y a d’extraordinaire à être vivant sur Terre. Pourquoi est-ce que, si les atomes sont pleins de vide, on ne voit pas à travers ? me demandait un élève tout à l’heure. Pourquoi c’est difficile de faire des pâtes en haut de l’himalaya ?… C’est tellement gai de ne pas savoir, et puis d’apprendre, et puis de savoir. Quand je vois leur visage s’illuminer tandis que le monde s’augmente un peu, c’est un plaisir inégalable.
Notes
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- duudinka.com
- Musique Assistée par Ordinateur
- La traduction française du mot hacker que propose le “Grand dictionnaire terminologique”. Le hack, c’est comprendre, bidouiller, détourner… diront Gilles Bœnisch et Amaelle Guiton dans leur livre “Hackers. Au cœur de la résistance numérique”. Paris, Éd. au Diable Vauvert, 2013, 245 pages », Questions de communication, 2014/2 (n° 26), p. 427-428
- Terme utilisé pour un enregistrement audio produit en dehors d’un studio d’enregistrement (enregistrements de sons naturels ou produits par l’homme). Le terme s’applique également aux enregistrements sonores de champs électromagnétiques ou de vibrations en utilisant différents microphones comme une antenne magnétique passive ou des microphones de contact.
- Journaliste, correspondant en Arménie (RFI, Ouest-France, RTS). Fondateur, entre autres, de « Jouïr podcast , une archive orale des questions de genre, d’intimité et de sexualité > twitter.com/const_podcast
- Projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles (FACR – Fond d’aide à la Création Radiophonique). Co-production : Transcultures. Structure d’accueil : l’ACSR (Atelier De Création Sonore Radiophonique) et le soutien des Pépinières Européennes de Création.
- https://duudinka.bandcamp.com/releases
- https://www.youtube.com/watch?v=0tkCUU_uY8A&t=906s
- Le “deep listening” ou ‘écoute profonde, telle que développée par la compositrice nord américaine Pauline Oliveros (paulineoliveros.us) , explore la différence entre la nature involontaire (entendre) et volontaire (écouter) de notre perception auditive. Cette pratique comprend des travaux corporels, des méditations sonores et des performances interactives, ainsi que l’écoute des sons de la vie quotidienne, de la nature, de ses propres pensées, de son imagination et de ses rêves. Il cultive une conscience accrue de l’environnement sonore, à la fois externe et interne, et favorise l’expérimentation, l’improvisation, la collaboration, le jeu et d’autres compétences créatives essentielles à la croissance personnelle et communautaire
- Richard Phillips Feynman est un physicien américain, l’un des plus influents de la seconde moitié du XXᵉ siècle, en raison notamment de ses travaux sur l’électrodynamique quantique, les quarks et l’hélium superfluide.
- Cette observation est issue d’un cours sur les cultures de l’attention par Yoann Moreau, anthropologue.
- https://www.lesoir.be/403474/article/2021-10-29/climat-des-activistes-deversent-du-faux-petrole-devant-les-bureaux-daig
- https://www.rtl.be/info/regions/bruxelles/100-personnes-interpellees-au-salon-de-l-auto-des-militants-ont-verse-du-faux-sang-et-tague-des-vehicules-videos–1189297.aspx
- L’extractivisme consiste à extraire, directement dans le milieu naturel et sans retour vers lui, des ressources naturelles qui ne se renouvellent pas ou peu, lentement, difficilement ou coûteusement.
- un marais situé entre commune bruxelloise de Evere et de Haren > fr.wikipedia.org/wiki/Moeraske
- Essayiste et poètesse américaine, militante féministe engagée dans le mouvement des droits civiques en faveur des Afro-Américains
- Groupe de musique électronique de San Francisco composé de M. C. (Martin) Schmidt et Drew Daniel, avec la collaboration de différents musiciens > vague-terrain.com
- Musicien et producteur anglais de musique contemporaine > matthewherbert.com
- helenebreschand.fr
- Le conservatoire à rayonnement régional d’Aubervilliers-La Courneuve
- Musicien-improvisateur français
- Compositeur et producteur américano-chilien de musique électronique > nicolasjaar.net
- Projet électro expérimental du producteur et musicien franco-britanique installé à Montréal Jean Cousin > jonivoid.bandcamp.com
- Musicien américain, docteur en bioacoustique et enregistreur de paysages sonores
- Artiste sonore basée en Norvège avec une formation en mathématiques, chimie et écologie des poissons > janawinderen.com
- Monteur image, mixeur, compositeur, ingénieur du son belge
- Graphiste, artiste sonore et physicienne belge