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Déplacer l’écoute pour déplacer le monde – Shift your listening to shift the world.

publish the 8 December 2025 at 0 h 56 min

Déplacer l’écoute = modifier ce à quoi on prête attention, comment on écoute, et ce qu’on considère comme digne d’être entendu. Pas seulement écouter plus ou mieux, mais autrement :

  • Écouter ce qui est habituellement filtré, ignoré, considéré comme bruit parasite
  • Décentrer l’attention du signal vers l’ambiance, du message vers le médium
  • Passer d’une écoute extractive (chercher l’information) à une écoute immersive (habiter le son)

Cette transformation de l’écoute produit un déplacement du monde parce que :

  • Ontologiquement : ce qui existe pour nous dépend de ce que nous percevons. Rendre audible ce qui ne l’était pas = faire exister de nouvelles réalités sonores, donc de nouvelles réalités tout court.
  • Politiquement : l’écoute dominante est sélective, hiérarchisée, coloniale (certaines voix comptent, d’autres sont bruit). Déplacer l’écoute = redistribuer ce qui compte, qui a droit à la parole, quel son mérite attention. C’est un geste de repartage du sensible (Rancière).
  • Relationnellement : écouter différemment transforme les rapports entre sujets et environnements. L’écoute profonde (Oliveros) ou le soundscape (Schafer) créent d’autres manières d’être ensemble, de partager l’espace, de co-habiter.

On ne change pas le monde en le pensant différemment d’abord, mais en déplaçant d’abord nos sens, nos attentions, nos écoutes. Le monde n’est pas un donné fixe qu’on percevrait mieux ou moins bien : il se constitue dans l’acte même de l’écoute. Déplacer l’écoute, c’est donc littéralement déplacer le monde — le faire advenir autrement.


“Shifting listening to shift the world”

Explanation:

Shifting listening means changing what we pay attention to, how we listen, and what we consider worth hearing. It’s not about listening more or better, but differently:

  • Attending to what is typically filtered out, ignored, or dismissed as noise
  • Decentering attention from signal to ambiance, from message to medium
  • Moving from extractive listening (seeking information) to immersive listening (inhabiting sound)

This transformation of listening produces a shift in the world because:

  • Ontologically: What exists for us depends on what we perceive. Making audible what wasn’t before = bringing new sonic realities into existence, therefore new realities altogether.
  • Politically: Dominant listening is selective, hierarchical, colonial (certain voices matter, others are noise). Shifting listening = redistributing what counts, who has the right to speak, which sounds deserve attention. It’s a gesture of redistributing the sensible (Rancière).
  • Relationally: Listening differently transforms relationships between subjects and environments. Deep listening (Oliveros) or the soundscape (Schafer) create other ways of being together, sharing space, co-inhabiting.

We don’t change the world by thinking it differently first, but by shifting our senses, our attention, our listening first. The world isn’t a fixed given that we perceive better or worse: it is constituted in the very act of listening. Shifting listening is therefore literally shifting the world — making it emerge otherwise.


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